Garance

Matton

A propos de l’artiste

Garance Matton est née en France en 1992, elle vit et travaille à Paris.

Les peintures se construisent comme des collages. Les figures se découpent à la sur-face de la toile dans des attitudes étranges, parfois leur présence n'est suggérée que par la silhouette d'un visage. Elles s’imbriquent dans des structures colorées où l’espace se déploie dans un jeu de formes et de plans qui se superposent.

Le jeu, élément cher à Garance Matton : scrabble, mots fléchés, puzzle, est une composante, presque structurale de son imaginaire. Il est ce qui lui permet d'assembler des éléments picturaux issus d'univers différents mais aussi de faire dialoguer plusieurs manières de peindre. Garance Matton crée des peintures aux multiples langages, ses images recomposées sont remplies de citations artistiques : Piero della Francesca, Uccello et se mêlent subtilement à des objets du quotidien de l'artiste : peigne, horloge ou à des éléments collectés sur internet. Ils cohabitent tous dans la peinture, comme autant de pièces de puzzles, de pièces d’une maison.

Sarah Maison

Works


 

Texts


 

Garance Matton

Par Claudine Grammont

Directrice du musée Matisse, Nice

 

Je ne la connaissais pas. Mais à peine avais-je franchi le seuil de l’atelier de Garance Matton, lors de la belle initiative POUSH Manifesto, que je devinais son lien avec Henri Matisse.

Il y a tout d’abord le soin qu’elle accorde aux objets et à leurs dispositions dans l’espace de l’atelier inondé d’une belle clarté : les plantes nombreuses installées à la lumière, les pinceaux accrochés, bien alignés, au mur, quelques petits formats, des cartes postales, et les châssis empilés. Tout ici parle de peinture, et tout y trouve sa place, directement dans le tableau d’atelier, ou indirectement, car cette « réunion sentimentale » des objets, pour reprendre les termes de Matisse, crée le milieu, le cadre de la création au point même parfois de l’activer.

Ces objets, s’ils sont bien réels, appartiennent d’abord à l’espace mental de l’artiste, sont les conducteurs de sensations aussi diverses que diffuses, immédiates que remémorées. Il y a du Proust chez Matisse.

Ce jour-là dans l’atelier de Garance un grand tableau est en cours. Il est calme et son espace est clair autant qu’il est vaste, presque aérien.

Je pense bien sûr à L’Atelier rouge de Matisse, dans lequel, malgré l’absence totale d’élément perspectif, aucun des objets réunis ne flottent, tout cela tient fermement dans ce rouge vibrant et profond. Ici, tout tient également. Ce qui pourrait être une fenêtre, ouverte sur un paysage de Toscane, est un détail des fresques de Piero Della Francesca à Arezzo – la carte postale de la scène célèbre figure tel un indice – l’alcôve avec le couple enlacé, et venant vers nous la desserte avec les objets du peintre et la plante, puis au sol, une feuille avec une bande rose, le même rose que celui de l’alcôve, et deux traits de couleurs, bleu et vert, qui donnent le ton de l’ensemble. Ici aussi, comme chez Matisse, tout est plat, au même niveau ou presque dans l’espace. Les divers éléments s’agencent avec l’évidence des choses qui s’assemblent : affinités électives. Y compris la technique lisse et matte, la référence aux primitifs italiens est omniprésente, mais pas que…

Garance peint avec la peinture et ses images, et n’a pas peur de multiplier les citations. Outre Pietro, outre Matisse, Ron Kitaj, dont un livre est placé en évidence dans l’atelier, David Hockney, et peut-être aussi Alex Katz et Edouardo Arroyo…

Tout cela est ouvertement dit et annoncé et se transforme donc en un jeu du regard, car sans lourdeur. Merci Garance pour ce voyage dans la peinture qui ne te dispense pas d’être toi-même, bien au contraire.

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