Il est des cartes qui n’existent que mentalement. Qui ne sont pas localisables. Qui n’ont aucun point situable sur la surface de la terre. La main de l’artiste qui dessine ces cartes mentales cherche à capter « quelque chose », à l’instar de l’artiste Gérard Fromanger, ami de Deleuze, qui dans sa série Splendeurs cherchait à capter un visage, un réseau de lignes qui prenne sens.
C’est à peu près la même chose chez le jeune artiste plasticien Clément Denis dans sa série de portraits d’exilés intitulée Cartographie de l’exode. A ceci près qu’il cherche sans jamais se fixer. Ces visages, tirés de vielles photos d’exilés pendant la Seconde Guerre, se juxtaposent sans qu’aucun n’arrive à émerger et à affirmer une identité. Dans cette série, la personne elle-même est devenue, ontologiquement insaisissable. A l’image de la figure de l’exilé, de cet être déraciné qui ne se fixe en aucun endroit ; pour qui, comme le notait Victor Hugo, (...)
